L’homme aimait les choses simples « mais belles » comme il disait. L’homme était simple. Il vivait seul et ses plaisirs étaient simples.
A son travail, pour le blaguer, certains l’appelaient « Monsieur Simple » et tout le monde riait sous cape. Tout se gâta, lorsqu’un jour, un nouvel arrivé, croyant faire de l’humour dit à la cantonade : « Tiens, voilà Monsieur Simplet !»
L’homme ne répliqua pas et, sans se retourner, quitta son lieu de travail sur le champ.
On ne le revit plus.
L’homme simple, à défaut de cultiver un jardin potager, cultivait l’art de la simplicité.
Il changea de ville et devint simple quidam… anonyme… transparent.
Il se réfugia dans des plaisirs tel la lecture, la musique et la visite des musées.
Il ne voulait plus rien partager… avec personne.
Ses plaisirs, il ne les partageait pleinement qu’avec lui-même.
Simplement.
Seul.
Lors d’une visite du Musée d’Orsay à Paris, il croisa le regard d’une femme et resta cloué sur place. Il fit demi-tour. Et (comme attiré par un aimant) la suivit. « Qu’elle est belle ! Qu’elle est belle !» se répétait-il de façon obsessionnelle.
« Tu viens, Ludmilla ? » avait appelé une voix dans son dos, et la femme de s’en retourner et de disparaître à jamais.
Pour l’homme, le temps de la simplicité avait pris fin.
Habité par ce regard, il continua sa vie dans l’obsession. Seul, et pourtant il ne serait plus jamais seul. Ludmilla était entré en lui.