L'homme a belle prestance. Il porte « beau », comme ils disent là-bas. Distingué, droit comme un I, il règne sur son auditoire. Il trône. Il est expansif. Il tient le crachoir et ne l'abandonne qu'à contre-coeur.
Il survole tous les sujets.
La politique américaine, il la maîtrise mieux que ce vaniteux de Bush.
Il sait persuader son entourage qu'il a les solutions aux problèmes du climat. A l'écouter, on se prend à rêver d'avoir devant nous le nouveau messie de l'écologie.
Les belles femmes, pour lui, ça n'existe pas : « Elles sont toutes passées par le bistouri et, si tu grattes un peu, ça craque de tous côtés », affirme-t-il sûr de lui.
« Le sport » jubile-t-il « ça n'existe plus. C'est fric, fric, fric et compagnie. Ce sont tous des drogués ».
Il aime à parler d'art moderne. « Moi je devrais être multimillionnaire » clame-t-il « regarde les Picasso et compagnie. Ce qu'ils font, je sais le faire et.. même mon petit-fils dessine mieux que ces artistes de pacotille ».
Ah ce que ce beau parleur en a à dire sur tous les sujets !
« Dites-moi monsieur » demande une auditrice de passage « vous arrive-t-il de vous poser des questions ? ». L'homme la toise avec dédain : « Ma culture vous dérangerait-elle ? » lance-t-il de son air le plus méprisant « Non ! » dit en souriant l'auditrice de passage, « mais je me demande si vous savez analyser vos propres conneries »