Les enfants chantaient : Cheval noir ou cheval blanc
Emmène-moi en voyage
Par-dessus les gros nuages
Où il ne pleut pas souvent
Et encore : Cheval bleu ou cheval vert
Vous les chevaux de mes rêves.
« Mais c’est idiot de chanter ça » dit le plus grand de la fratrie, des chevaux bleus ou des chevaux verts, ça n’existe pas ». Géraldine, la plus timide de toutes, prit un crayon de couleur vert et dessina un cheval vert.
« Tu vois, ça existe un cheval vert, y’a qu’à le dessiner. »
Dans le bus de cette petite ville à l’écart des grands axes routiers, le petit garçon ne quitte pas des yeux cet homme tout noir et grand comme une montagne.
« Arrête de regarder le monsieur comme ça » dit la maman, toute gênée.
L’homme sourit et s’adresse à l’enfant de sa belle voix de basse ;
« T’as jamais vu un nègre pour de vrai ? Viens tu peux toucher, ma peau est comme la tienne mais elle a été très, très longtemps au soleil. »
Et le petit d’homme de sourire de joie.
« Papa, pourquoi on dit que les Africains sont noirs ? Ils sont brun clair ou brun foncé… mais pas noirs ! »
« Papa, pourquoi on dit que les Chinois et les Japonais ont la peau jaune ? Ils sont pas jaunes ! Ils ont la peau comme de la crème de Gruyère. »
« Papa, pourquoi on dit 'peau-rouge' aux ancêtres d’Amérique du Nord ? C’est parce qu’ils ont brûlé leurs terres ? »
« Papa, pourquoi on dit que je suis blanc ? Je trouve que ma peau ressemble plus à un cochon de lait qu’à un drap de lit ! »