Pour rencontrer Pépaing, ce n’était pas bien compliqué.
Le lundi après-midi, il se promenait dans le haut de la ville sur ce sentier piétonnier bordé de peupliers.
« Salut Pépaing, comment ça va ? » lui criaient ceux qui n’avaient pas le temps de s’arrêter.
« Comme un lundi qui attend le mardi » répondait inlassablement Pépaing d’une voix forte. Pépaing était devenu sourd d’une oreille suite à un coup de canon tiré près de lui lors d’une fête champêtre.
Le mardi, Pépaing partait dès le matin, sac au dos, « faire sa belle tournée » comme il aimait à le dire. Arpenter les bords de la rivière encore sauvage, pique-niquer au grand air, tel était le monde de Pépaing cela par n’importe quel temps.
« Il n’y a pas de beau ou de mauvais temps pour les belles choses » aimait-il à dire.
Mercredi et jeudi, c’était le train pour quelque part. Il disparaissait.
Le vendredi, jour du poisson, il prenait son repas dehors.
« Ça change les idées »
Le samedi, il ne ratait jamais le grand marché du samedi et le dimanche il allait à la messe à la cathédrale.
« C’est tellement beau » soupirait-il.
Pour ses copains, Pépaing était, pour sûr, un sage. Ne puisait-il pas le gros de sa philosophie dans l’esprit du vin et de la tisane Blancpain ? À l’enterrement de monsieur Raoul Dorsat, il n’y eut guère de monde. Personne n’avait eu l’idée d’ajouter sur l’avis mortuaire son surnom : Pépaing.
P.S. Pépaing vient du mot pépin, mais avec un accent.