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les petites histoires de Gabby: 69.VINCENT

Vincent, au contraire de « l’homme des bois », est lui, « l’homme de la rivière », ou, devrions nous dire « l’homme des rivières ».

On ne pourra jamais dire de ce vagabond à l’allure digne qu’il a les pieds sales, qu’il pue des pieds. Il n’est pas un jour, hiver comme été, où il ne trempe ces « porte-bête » comme il appelle ses pieds dans un ruisseau, une rivière ou un étang.

« Je suis un homme de flotte qui préfère le vin. Le gros rouge pour le gosier et l’eau courante pour le pied » dit-il de son air taquin.
« Et l’eau bénite pour les curés » rajoute-t-il aussi aussitôt pour bien signifier son côté anticlérical.

Vincent n’aime pas les curés depuis que l’un d’entre eux, voulant lui faire la leçon, l’a dénoncé à la maréchaussée pour braconnage de truites.
« Il est jaloux car je ne lui en ai jamais porté sur sa table de bouffeur d’hosties » grogne-t-il.

« T’iras quand à la mer ou au lac ? » aimaient lui demander les enfants.
« Jamais ! J’irai jamais au lac ! De l’autre côté, c’est trop loin et la mer, on n’y voit rien, c’est bouffé par des vagues grosses comme des maisons ».

Le grand bonheur de Vincent, c’est d’être seul, les pieds nus, et étendu à l’ombre des saules pleureurs et d’écouter tous les concertos et toutes les symphonies qui lui procurent le ruissellement de ses rivières bien aimées.

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