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  • Le quatrain de la semaine

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  • Les Petites histoires de Gabby: 23. L’ALLUMETTE

    L’endroit est chaleureux, accueillant et populaire au vrai sens du terme. Les murs reflètent le plaisir que certaines personnalités de passage y ont laissé. Le personnel, aux petits oignons, a le sourire spontané.

    Ce café-bistrot-restaurant a une âme.
    « Même vide, tu ne peux te sentir seul » aime à raconter cet habitué qui a sa place attitrée.

    Autour de la table de « la petite chapelle » (petit coin nommé ainsi à cause du vitrail représentant un arbre qui le sépare du reste de la salle), le vieil homme mange son midi avec la lenteur que seuls savent avoir les vieux qui donnent du temps au temps.

    La grande table, qui côtoie « la petite chapelle », est nommée (par les initiés) « la cathédrale ».
    « La cathédrale », vide jusqu’alors, reçoit la visite d’une révérende sœur (c’est ainsi que les initiés nomment une femme fréquentant cette table). À savoir aussi que l’homme de la petite chapelle est nommé « monseigneur » par les initiés. Le décor est planté.

    La révérende sœur porte une cigarette à sa bouche et constate qu’elle n’a pas de feu.

    Le vieil homme fait craquer une allumette et lui tend la flamme.
    « Oh ! Vous fumez aussi ? » dit la dame.
    « Non » répond l’homme, « mais j’ai toujours de quoi allumer une belle dame ». Et la flamme de se refléter dans ses yeux.

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les Petites histoires de Gabby: 22. LE BAOBAB

    A vrai dire, le baobab était un acacia.

    La rue était pour sûr une belle rue, si ce n’est la plus belle rue de cette petite ville.

    La rue était montante ou descendante. « C’est selon » aimaient à dire et redire certains commerçants, voyant fuir le chaland vers d’autres platitudes.

    La rue, aux allures de serpent, était sur l’axe est-ouest.

    Au bas de la rue, dans le secteur « est », on avait planté un arbre et très vite, un cercle d’habitués appela l’endroit « sous le baobab ».

    L’arbre était entouré d’un petit muret circulaire. Les édiles avaient tout mis en œuvre pour rendre l’endroit propre et accueillant.

    Dès le printemps et jusque tard dans l’automne, c’était une fête  perpétuelle pour les yeux et pour les oreilles. Des gens de tous âges et de toutes conditions évoluaient avec harmonie autour du « baobab ».

    Vint le temps où certains propriétaires de chiens utilisèrent l’endroit pour faire faire leurs besoins à leurs animaux domestiques. Autour de l’arbre, la terre devint infecte, répugnante.

    Puis vinrent les fumeurs et le tour de l’arbre devint  poubelle.

    On ne pouvait plus laisser les enfants jouer autour de l’arbre.

    « Vous êtes une bande de cochons » dit un voisin à tous ces salisseurs puis, se ravisant, il revint sur ses pas pour s’excuser : « je retire ces paroles car elles sont insultantes… pour les cochons ».

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les Petites histoires de Gabby: 21) LYDIA

    Belle et froide : c’était tout le portrait de Lydia !

    Belle et inaccessible !

    Le charme hispanique. Le teint mat, la chevelure anthracite et l’œil sombre. Lydia était menue, menue et d’une sveltesse de rêve. Une vraie poupée…mais vivante.

    Des seins et des fesses à satisfaire les mains d’un homme doué pour l’art sculptural.

    Derrière le comptoir du restaurant, Lydia rayonnait. Sa beauté naturelle donnait des ailes aux hommes en mal d’amour.

    Derrière son comptoir, Lydia a tout vu, tout entendu, tout vécu de ce qu’une belle femme de derrière le comptoir peut avoir à subir.

    Les hommes les plus durs, les plus blasés, les plus résignés, y allaient de leurs refrains de séducteurs.

    Le seul homme que Lydia avait en tête, le seul qui remplissait son cœur, ne la voyait pas. En réalité, il ne la voyait que trop, mais n’osait croiser son regard de peur de se sentir rejeté.

    Lydia et l’homme de son cœur n’ont jamais su, n’ont jamais pu se déclarer.

    Aujourd’hui, Raùl (l’homme) est reparti dans son Argentine natale et Lydia, la trop belle, l’intouchable, a troqué son comptoir contre l’arrière-cuisine où sa beauté reste au seul service des assiettes et des plats à laver.

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les Petites Histoires de Gabby - 20) LE VIEUX SUPPORTER

    Le vieil homme était un beau vieux
    A défaut d’un compte en banque, il aimait à dire qu’il avait de l’argent là où on ne pouvait lui prendre… c’est-à-dire… sur sa tête.
    Droit comme un I, il avait, par pure coquetterie,opté pour une canne à tête d’éléphant.

    - « Ça fait classe et ça me donne une certaine prestance » aimait-il à dire encore.
    « J’aime dire» aimait-il à dire, mais il ne disait de loin pas tout.
    Il souffrait ce de corps qui vieillissait alors que sa tête lui parlait de jeunesse.
    Dès sa plus petite enfance, il avait été un fervent supporter du club de hockey sur glace de son quartier.

    Avec l’âge, il suivait son sport favori avec de plus en plus de distance.
    Quand Benoît, un de ses petits-enfants, lui fit part de son intérêt pour le hockey sur glace, le vieil homme fut traversé par un éclair bienfaisant.
    Benoît avait le droit d’aller voir les matches de hockey de fin de semaine joués à domicile.

    - « Tiens », dit le vieil homme en aparté à son petit-fils, « voilà de quoi te payer quelques entrées à la patinoire, mais n’oublie pas à chaque match de crier, de ma part, « hop Gottéron » par trois fois.

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les petites histoires de Gabby: 19. MARDI   11 HEURES 57

    L’homme n’était plus très jeune, mais il n’était pas encore vieux.

    « Tu es un petit peu jeune, tu es un petit peu vieux » lui dit un jour un petit enfant.

    L’homme ne se formalise pas.
    « Dans ma tête, je suis vraiment jeune » dit-il, « c’est mon corps qui me parle de mon âge ».

    Aujourd’hui, l’homme rêve plus souvent que dans sa jeunesse.

    Il aime à dire :
    « Je suis plus près du tombeau que du berceau » et de ne rêver qu’au lendemain en bénissant le jour vécu.

    Attablé dans ce bistrot de quartier, il rêve au futur immédiat. Il a rendez-vous avec une dame qui l’a sollicité par téléphone :
    « Je vous croise de temps en temps en ville et j’aimerais vous rencontrer. Vous ne me connaissez pas, mais deux âmes solitaires ont sûrement quelque chose à se dire » avait argumenté la dame à la voix douce.

    L’homme rêve… Le temps passe… Midi, midi et quart, midi vingt-et-une.
    - « Je suis désolée, monsieur, mon précédent rendez-vous m’a pris plus de temps que prévu »
    - « Ah bon ! », dit l’homme de sa voix calme et courtoise.

    Pendant tout le repas, la femme harcèle l’homme d’un discours publicitaire.

    Pendant vingt-quatre minutes, l’homme avait fait un beau rêve. « C’est déjà ça de gagné ! »