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  • Le quatrain de la semaine

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  • Les petites histoires de Gabby: 46.Rien

    Elle ouvre les yeux, se lève, ouvre les volets :
    « Tiens, encore une journée peinte en bleu ! »

    Elle petit-déjeune, fait sa toilette, s'habille, referme la porte derrière elle :
    « Aujourd'hui, je ne ferai rien » se dit-elle convaincue.

    « Bonjour belle beauté » lui lance sa voisine qui tient boutique à deux pas de chez elle.
    « Madame acceptera bien un petit café ? Entre donc ! Il fait trop beau et le chaland m'a laissé tomber pour la plage. Une petite séance de papotage nous fera du bien. »

    Il est midi et elle a déjà rencontré une dizaine de connaissances.
    « Alllons manger à la terrasse de ‘Chez l'Autre’ » lui propose-t-on, « mon mari ne rentre pas avant ce soir. Il fait beau et refaire le monde nous fera grand bien. »

    Dans l'après-midi elle prend une décision :
    « Une petite escapade à magasiner dans la ville voisine me changera les esprits ».
    C'est dit, c'est fait. On y expose les plus belles oeuvres de son peintre préféré qu'est Paul Klee :
    « Ah, le grand bien que je m'offre » soupire-t-elle.

    De retour chez elle, le téléphone la sort de ses rêveries.
    « Viens à la maison » l'invite sa meilleure amie « on fait une grill-party dans le jardin et il y aura du beau monde. »

    La vingt-cinquième heure a sonné. Une heure du matin, elle éteint la lumière :
    « Que c'est crevant de passer des journées à ne rien faire ».

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les petites histoires de Gabby: 45.La rose

    En résumé, elle et lui, c'est une histoire qui dure depuis fort longtemps.

    Elle, elle vit à Beyrouth au Liban où elle s'occupe d'un centre culturel chrétien.

    Lui, il est chocolatier à Bruges en Belgique.

    Elle, elle est veuve depuis qu'une balle perdue a tué son homme en pleine rue dans un quartier en feu.

    Lui est vénitien, célibataire endurci qui, fatigué de se la couler douce au bord du Canale Grande, s'est réfugié dans la ville des Flandres que l'on nomme aussi « La Venise du Nord ».

    Leur rencontre fut d'une banalité déconcertante.

    Imagine... un quatorze juillet... un feu d'artifice au bord du Rhône à la Voulte ardéchoise. Deux paires d'yeux censés regarder vers la même direction se croisent. Boum !... et tout est dit. Et tout s'est déroulé dès lors comme si tout avait été écrit à l'avance.

    Il lui a dit :
    «Tu es comme la plus belle des roses du plus beau des jardins».

    Elle lui a dit :
    «Tu es le bel amour que mon coeur attendait... attendait... attendait.»

    Même si leurs maisons étaient éloignées, ils décidèrent que leurs coeurs et leurs pensées seraient proches à tout jamais.

    Chaque rencontre était une fête sans nom et chaque fois, elle aimait à lui susurrer à l'oreille :
    « Je suis ta belle rose et mon petit bouton est prêt à éclore. Viens, cueillons-le».

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les petites histoires de Gabby: 44.Le paradis

    Ici on dit « nonante-sept », ailleurs on dit souvent « quatre-vingt dix-sept ».

    Ici on dit : « c'est une vieille dame », ailleurs on dit : « c'est une personne âgée, c'est une ancienne, c'est une senior, c'est une personne du quatrième âge. »

    « Ici on aime les mots pour ce qu'ils veulent dire » explique Bruno à Clémentine.

    « Ici, c'est ici, c'est chez moi, c'est dans mon coeur, c'est dans MA vie. Ici, c'est pas là-bas et je défendrai toujours la valeur des mots et leur beauté. »

    Bruno insiste, car il est furieux quand on lui précise que « nonante-sept » ça fait pas français.
    « Et moi je te dis que les Français ne parlent pas toujours le bon français . Et toc ! » rétorque-t-il décidant de continuer son histoire.

    « Je te parle de cette vieille dame âgée de nonante-sept ans qui évoque journellement le paradis » raconte-t-il.

    L'autre jour, Hubert le neveu de la vieille dame revenant d'une visite à sa tante, s'émerveille :
    « Tu sais » me dit-il « quand ma tante me parle de paradis, ce ne sont pas des paroles de vieille folle. A chaque occasion, elle s'échappe pour aller vivre dans le monde et lors de sa dernière escapade elle a écossé des petits pois pendant toute une matinée et elle m'a dit :

    - Tu sais Hubert, si à nonante-sept ans, ces moments-là ne sont pas des instants de paradis, je n'ai plus qu'à mourir de désespoir. »

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les petites histoires de Gabby: 43.Les cerises

    Ah, qu'ils sont beaux les marchés paysans ! Georges est un connaisseur. Partout où il pose sa vie pour quelques jours, il se précipite à la découverte du ou des marchés locaux. Il aime à dire :
    « Tous les marchés sont différemment les mêmes »
    et de rire avec un plaisir non dissimulé.

    Quand il parle des marchés, il insiste :
    « Moi, je n'aime que les marchés, les vrais, où les paysans et les maraîchers viennent me proposer 'leurs' produits cultivés sur 'leur' terre.»

    Georges ne court pas les foires, les brocantes et tout autre lieu où l'on étale son bric-à-brac.

    Georges savoure. Georges hume. Georges parcourt tout le marché les yeux grands ouverts et le nez à l'affut des bonnes senteurs. Georges s'en met aussi plein les oreilles. Il hume les accents des gens et prétend que les fruits et les légumes lui parlent.

    Georges a tout son temps. Il compare les prix.
    « Discutailler les prix avec les paysans, moi j'aime ça »
    jubile-t-il.

    Aujourd'hui il jette son dévolu sur les cerises. Pour elles, c'est la haute saison.

    « Qu'elles sont belles, qu'elles sont belles, mes cerises »,
    interpelle une paysanne, de sa voix colorée, le chaland par trop sollicité. « Elles sont beaucoup trop chères, vos cerises »,
    gémit Georges, faussement désolé.
    « Mon cher monsieur, nous proposons aux gens de venir cueillir leurs cerises eux-mêmes sans qu'ils aient à débourser le moindre 'fifrelin' et même à ces conditions-là, ils n'en veulent pas. Alors, si moi je dois grimper à l'arbre il faut me payer... Je vous en mets combien de kilos pour vos confitures ? »