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Les petites histoires de Gabby: 59.ET SI C’ETAIT MOI ?
Devant la grande pharmacie de cette petite ville, deux jeunes gens, une fille et un garçon, propres sur eux et de belle prestance, distribuent des barres chocolatées.
« C’est gratuit et c’est bon pour la santé », disent-ils avec un large sourire.Le lendemain, la pharmacie ne désemplit pas.
« Mais que se passe-t-il donc ? fait le pharmacien d’un air étonné qui ne peut que sembler suspect.
« Mais c’est une épidémie ! »C’est pourtant bien lui qui avait organisé la distribution de barres chocolatées. Il les avait fabriquées lui-même en les surchargeant de produits laxatifs.
« C’est vrai cette histoire ? demande l’autre.
« Non » répond le conteur,
« mais tu t’imagines, et si c’était vrai ? »◊
Deux hommes en uniforme font irruption dans la salle d’attente de la gare. « Vite, vite, tout le monde dehors. Laissez vos bagages, vous les reprendrez plus tard. C’est une alerte à la bombe… Vite, vite ». Les gens s’exécutent, et au bout d’une demi-heure, ne voyant rien arriver, les deux vigiles ayant disparu, ils s’enquièrent de leurs bagages. La salle d’attente est vide, nettoyée. Ils se sont tout fait voler.
« C’est vrai cette histoire ? » demande l’autre, inquiet. Mais non, c’est pour de rire, mais imagine-toi si c’était vrai ? » dit le conteur.
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« Ma chérie, prépare les bagages, tu pars pour Honolulu. J’ai gagné à la loterie et je te rejoindrai dès que j’aurai réglé les affaires courantes. »
- « Tu parles mon plaisantin, je commence à avoir l’habitude de tes histoires farfelues. Ça, c’est pas vrai ! »
- « Mais si, mon amour, regarde ; j’ai les billets, à nous la belle vie. Ça, c’est vraiment vrai. » -
Le quatrain de la semaine
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Les petites histoires de Gabby: 58.TAHITI
« Moi, j’irai à Tahiti quand je l’voudrais »
aimait à dire le gros Robert. Faut le dire, c’est lui qui s’était affublé de ce surnom de « gros Robert ». En réalité l’état-civil le connaissait sous son vrai prénom : Marcel.Un jour, sa femme, qui portait gros, s’était vantée d’avoir deux beaux gros roberts, et Marcel d’en rajouter :
« et moi je serai toujours ton gros Robert ».Robert savait qu’il avait un cousin, tout là-bas en France, mais il ne l’avait jamais vu.
« J’ai un cousin germain qui est français », plaisantait-il.Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’un jour, il trouva devant sa porte un couple avec un enfant. C’était lui, William, son cousin français avec sa femme et son fils.
La belle compagne du cousin William avait tout pour faire fondre le gros Robert. Elle était tahitienne. Les quelques heures passées à faire connaissance aboutirent à :
« Si tu viens à Tahiti, je prendrais trois semaines de vacances et je te ferai découvrir toutes les îles où j’ai de la famille » avait suggéré cette femme qui était déjà entrée dans le rêve de Robert.Depuis ; chaque fois que Robert a le blues, on peut l’entendre dire :
« moi, j’irai à Tahiti quand je le voudrais ». -
Le quatrain de la semaine
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Les petites histoires de Gabby: 57.RICHARD
La première fois qu’on le vit en ville, Richard devait avoir une trentaine d’années. Il ne voulait pas déranger : juste trouver quelques petits boulots pour survivre, disait-il.
Son apparence étant plus proche de la panthère que de l’oie, il eut bien des difficultés à se fondre parmi la population autochtone.
Situez ce récit à la fin des années 60 et vous comprendrez que Richard l’Africain, Richard le réfugié soudanais avait quelques problèmes à passer inaperçu.
C’est au fond de la cuisine d’un grand restaurant de la Place qu’il trouva un refuge pécunier. Richard était devenu plongeur et ne s’en plaignait pas.
« C’est pas l’paradis, mais je gagne ma croûte et, surtout, ma vie physique n’est plus en danger. »Richard était un requérant d’asile… un vrai… comme on disait. Il avait fui son pays car ses revendications politiques avaient fait de lui un homme très dangereux (aux yeux de son gouvernement).
Cherchant un travail à la hauteur de ses capacités, il reçut du courrier à son adresse de boulot :
« Mr Richard Ikalo, docteur ès ' économie '. La patronne du restaurant, toute retournée d’avoir un docteur au fond de sa cuisine, se confondit en plates excuses et le pria d’aller le plus rapidement chercher du travail ailleurs.
« Vous pensez, un noir dans ma cuisine, personne ne le voit, mais que diraient nos bons clients s’ils savaient que c’est un docteur qui lave leurs assiettes ? » -
Le quatrain de la semaine
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Les petites histoires de Gabby: 56.PAROLES D’ENFANTS
- Dis-moi Grand-papa, ça fait mal quand on devient vieux ?
- Mais non, c’est quand on grandit qu’on a mal aux jambes, lui répond son petit copain.¤
- Dis-moi Grand-papa, est-ce la terre est suspendue au ciel par un fil ?
– Mais non, on habite sur des boules de sapin de Noël ; lui répond à nouveau son copain.¤
- Dis-moi Grand-papa, pourquoi toi, tu as une barbe et pas moi ?
- Mais c’est parce que, quand on est un enfant, on est encore une femme et que les femmes n’ont pas de barbe, dit le copain.¤
- Dis-moi Grand-papa, pourquoi tu fais de plus grands pas que moi et tu marches plus vite ?
- Mais, soupire le copain, c’est parce que les grandes personnes ont de plus grandes chaussures que les enfants.¤
- Dis-moi Grand-papa, pourquoi les mamans ont de gros nénés comme les vaches?
– Mais toi alors, répond le copain agacé, les mamans n’ont pas de nénés si gros. T’as déjà vu des fromages au lait de maman ?¤
- Dis-moi Grand-papa, c’est vrai que les nains grandissent quand ils sont morts ?
– Ça c’est vrai ça, sourit le copain sinon ils ne pourraient pas faire les clowns dans les cirques.¤
- Dis-moi Grand-papa, pourquoi c’est toujours mon copain qui répond ?
– C’est parce qu’il est impatient et qu’il croit tout savoir, alors qu’il a encore tout à apprendre.¤
- Dites-moi, mes deux garnements, c’est vrai que vous prendriez bien une petite friandise pour le goûter ?
Alors, allons-y, dit le grand-père. -
Le quatrain de la semaine
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Les petites histoires de Gabby: 55.Couleurs
Les enfants chantaient : Cheval noir ou cheval blanc
Emmène-moi en voyage
Par-dessus les gros nuages
Où il ne pleut pas souventEt encore : Cheval bleu ou cheval vert
Vous les chevaux de mes rêves.« Mais c’est idiot de chanter ça » dit le plus grand de la fratrie, des chevaux bleus ou des chevaux verts, ça n’existe pas ». Géraldine, la plus timide de toutes, prit un crayon de couleur vert et dessina un cheval vert.
« Tu vois, ça existe un cheval vert, y’a qu’à le dessiner. »
Dans le bus de cette petite ville à l’écart des grands axes routiers, le petit garçon ne quitte pas des yeux cet homme tout noir et grand comme une montagne.
« Arrête de regarder le monsieur comme ça » dit la maman, toute gênée.
L’homme sourit et s’adresse à l’enfant de sa belle voix de basse ;
« T’as jamais vu un nègre pour de vrai ? Viens tu peux toucher, ma peau est comme la tienne mais elle a été très, très longtemps au soleil. »
Et le petit d’homme de sourire de joie.
« Papa, pourquoi on dit que les Africains sont noirs ? Ils sont brun clair ou brun foncé… mais pas noirs ! »
« Papa, pourquoi on dit que les Chinois et les Japonais ont la peau jaune ? Ils sont pas jaunes ! Ils ont la peau comme de la crème de Gruyère. »
« Papa, pourquoi on dit 'peau-rouge' aux ancêtres d’Amérique du Nord ? C’est parce qu’ils ont brûlé leurs terres ? »
« Papa, pourquoi on dit que je suis blanc ? Je trouve que ma peau ressemble plus à un cochon de lait qu’à un drap de lit ! »