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Gabby Marchand - Page 14

  • Le Quatrain de la Semaine

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  • Les Petites Histoires de Gabby - 26. LE NID

    « Venez voir » dit la vendeuse de ce magasin de colifichets. Elle indique au chaland de passage le nid que le couple de merles a construit sur le petit balcon, à l’arrière de la boutique.

    Trois petites boules de plumes aux becs quémandeurs piaffent à qui mieux mieux afin d’attirer l’attention de maman merlette et de papa merle.

    La petite fille a sa main profondément blottie dans celle de sa maman. Bouche bée, les yeux grands ouverts, elle fixe le nid et ose quelques mots de sa petite voix. « Maman, j’ai le cœur tout content. J’ai jamais vu pour de vrai des petits oiseaux dans un nid ! »

    La fillette est très, très émue. Dans sa tête, la machine tourne à plein régime. Au loin, elle aperçoit maman et papa merle. « Tu crois qu’ils vont venir donner à manger à leurs petits ? » murmure-t-elle.

    Soudain elle voit un chat blotti sur une couverture dans un coin du balcon. « Mais il va les manger ! » arrive-t-elle à dire dans un sanglot contenu. « Faudrait mettre une pancarte Balcon interdit aux chats quand il y a des merles » dit-elle pleine d’espoir. « Ne crains rien » dit la vendeuse de sa voix apaisante. « Premièrement les chats ne savent pas lire et le nôtre n’est pas un chat ordinaire ; lui, il surveille, c’est Victor et depuis des années, quand le nid a des petits pensionnaires, il empêche tout autre chat de s’approcher de ses amis les merles. »

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les Petites histoires de Gabby:   25. LE CHAPEAU

    Il y a des villes… comme ça… certes petites… où il est devenu impossible de trouver un vrai chapeau.

    Robert avait fait le voyage à Berne spécialement pour acheter un chapeau noir. « J’veux un vrai, un feutre, un noir et qu’importe le prix, je m’offre du plaisir » avait-il dit.

    Berne, capitale politique, cité zaeringienne, est une grande ville pour la Suisse.

    « C’est pas ici que les marchands de parapluies doivent faire fortune » pensait-il en déambulant sous les arcades du centre historique, noires de monde, à la recherche d’un grand magasin où il trouverait un chapeau à sa convenance.

    « Nous ne vendons plus de chapeaux », lui signifia cette vendeuse avec courtoisie, « mais si vous descendez la rue principale qui mène à la Fosse aux Ours, vous trouverez votre bonheur au bas de cette même rue, sur votre gauche. »

    « Ah qu’il est beau ce magasin » s’exclama Robert devant la vitrine : il n’y avait que chapeaux, casquettes et encore des chapeaux en veux-tu en voilà !

    Le feutre noir sur la tête, Robert reprit le chemin du retour. Arrivé à destination, il saute hors du train, la fierté inscrite sur son visage. « Monsieur, monsieur » lui cria une voix juste avant que le train ne referme ses  portes, « vous oubliez votre chapeau ».

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les Petites histoires de Gabby: 24) LE TEMPS

    « Sale temps pour les mouches ! » dit l’homme à la cantonade en se frappant les flancs pour donner de l’ampleur à son propos.

    «  C’est un temps à ne pas mettre un chien dehors ! » lui réplique la femme au manteau de fourrure d’où s’échappe une petite tête de chihuahua tout tremblant.

    « Moi, j’adore ce temps », dit la jeune femme toute blottie contre le beau jeune homme, ravie de la situation.

    « Depuis qu’ils ont lancé toutes ces bombes atomiques sur nos têtes, il n’y a plus de temps du tout », ironise l’homme au chapeau noir, tout emmitouflé ; son regard bleu acier en dit long sur sa résolution d’affronter le reste de la journée.

    « Moi, je ne demande rien d’autre », sourit ce jeune homme à l’allure insouciante « du froid, de la neige ; tout pour rendre mon séjour aux sports d’hiver le plus agréable possible. »

    « Eh bien, moi », dit cet homme à la sagesse évidente, « je suis fermier et je peux vous assurer que pour nous, paysans, le beau temps c’est : assez de soleil, assez de pluie, de la neige pour reposer la terre et de la chaleur pour faire pousser ce qui doit pousser. »

    Arrivé au soixantième étage, le préposé à l’ascenseur de sourire : « Ce que je sais, moi, c’est que le temps a été inventé pour que les gens aient un sujet de conversation dans les ascenseurs ».

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les Petites histoires de Gabby: 23. L’ALLUMETTE

    L’endroit est chaleureux, accueillant et populaire au vrai sens du terme. Les murs reflètent le plaisir que certaines personnalités de passage y ont laissé. Le personnel, aux petits oignons, a le sourire spontané.

    Ce café-bistrot-restaurant a une âme.
    « Même vide, tu ne peux te sentir seul » aime à raconter cet habitué qui a sa place attitrée.

    Autour de la table de « la petite chapelle » (petit coin nommé ainsi à cause du vitrail représentant un arbre qui le sépare du reste de la salle), le vieil homme mange son midi avec la lenteur que seuls savent avoir les vieux qui donnent du temps au temps.

    La grande table, qui côtoie « la petite chapelle », est nommée (par les initiés) « la cathédrale ».
    « La cathédrale », vide jusqu’alors, reçoit la visite d’une révérende sœur (c’est ainsi que les initiés nomment une femme fréquentant cette table). À savoir aussi que l’homme de la petite chapelle est nommé « monseigneur » par les initiés. Le décor est planté.

    La révérende sœur porte une cigarette à sa bouche et constate qu’elle n’a pas de feu.

    Le vieil homme fait craquer une allumette et lui tend la flamme.
    « Oh ! Vous fumez aussi ? » dit la dame.
    « Non » répond l’homme, « mais j’ai toujours de quoi allumer une belle dame ». Et la flamme de se refléter dans ses yeux.

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les Petites histoires de Gabby: 22. LE BAOBAB

    A vrai dire, le baobab était un acacia.

    La rue était pour sûr une belle rue, si ce n’est la plus belle rue de cette petite ville.

    La rue était montante ou descendante. « C’est selon » aimaient à dire et redire certains commerçants, voyant fuir le chaland vers d’autres platitudes.

    La rue, aux allures de serpent, était sur l’axe est-ouest.

    Au bas de la rue, dans le secteur « est », on avait planté un arbre et très vite, un cercle d’habitués appela l’endroit « sous le baobab ».

    L’arbre était entouré d’un petit muret circulaire. Les édiles avaient tout mis en œuvre pour rendre l’endroit propre et accueillant.

    Dès le printemps et jusque tard dans l’automne, c’était une fête  perpétuelle pour les yeux et pour les oreilles. Des gens de tous âges et de toutes conditions évoluaient avec harmonie autour du « baobab ».

    Vint le temps où certains propriétaires de chiens utilisèrent l’endroit pour faire faire leurs besoins à leurs animaux domestiques. Autour de l’arbre, la terre devint infecte, répugnante.

    Puis vinrent les fumeurs et le tour de l’arbre devint  poubelle.

    On ne pouvait plus laisser les enfants jouer autour de l’arbre.

    « Vous êtes une bande de cochons » dit un voisin à tous ces salisseurs puis, se ravisant, il revint sur ses pas pour s’excuser : « je retire ces paroles car elles sont insultantes… pour les cochons ».