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Gabby Marchand - Page 10

  • Les petites histoires de Gabby: 44.Le paradis

    Ici on dit « nonante-sept », ailleurs on dit souvent « quatre-vingt dix-sept ».

    Ici on dit : « c'est une vieille dame », ailleurs on dit : « c'est une personne âgée, c'est une ancienne, c'est une senior, c'est une personne du quatrième âge. »

    « Ici on aime les mots pour ce qu'ils veulent dire » explique Bruno à Clémentine.

    « Ici, c'est ici, c'est chez moi, c'est dans mon coeur, c'est dans MA vie. Ici, c'est pas là-bas et je défendrai toujours la valeur des mots et leur beauté. »

    Bruno insiste, car il est furieux quand on lui précise que « nonante-sept » ça fait pas français.
    « Et moi je te dis que les Français ne parlent pas toujours le bon français . Et toc ! » rétorque-t-il décidant de continuer son histoire.

    « Je te parle de cette vieille dame âgée de nonante-sept ans qui évoque journellement le paradis » raconte-t-il.

    L'autre jour, Hubert le neveu de la vieille dame revenant d'une visite à sa tante, s'émerveille :
    « Tu sais » me dit-il « quand ma tante me parle de paradis, ce ne sont pas des paroles de vieille folle. A chaque occasion, elle s'échappe pour aller vivre dans le monde et lors de sa dernière escapade elle a écossé des petits pois pendant toute une matinée et elle m'a dit :

    - Tu sais Hubert, si à nonante-sept ans, ces moments-là ne sont pas des instants de paradis, je n'ai plus qu'à mourir de désespoir. »

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les petites histoires de Gabby: 43.Les cerises

    Ah, qu'ils sont beaux les marchés paysans ! Georges est un connaisseur. Partout où il pose sa vie pour quelques jours, il se précipite à la découverte du ou des marchés locaux. Il aime à dire :
    « Tous les marchés sont différemment les mêmes »
    et de rire avec un plaisir non dissimulé.

    Quand il parle des marchés, il insiste :
    « Moi, je n'aime que les marchés, les vrais, où les paysans et les maraîchers viennent me proposer 'leurs' produits cultivés sur 'leur' terre.»

    Georges ne court pas les foires, les brocantes et tout autre lieu où l'on étale son bric-à-brac.

    Georges savoure. Georges hume. Georges parcourt tout le marché les yeux grands ouverts et le nez à l'affut des bonnes senteurs. Georges s'en met aussi plein les oreilles. Il hume les accents des gens et prétend que les fruits et les légumes lui parlent.

    Georges a tout son temps. Il compare les prix.
    « Discutailler les prix avec les paysans, moi j'aime ça »
    jubile-t-il.

    Aujourd'hui il jette son dévolu sur les cerises. Pour elles, c'est la haute saison.

    « Qu'elles sont belles, qu'elles sont belles, mes cerises »,
    interpelle une paysanne, de sa voix colorée, le chaland par trop sollicité. « Elles sont beaucoup trop chères, vos cerises »,
    gémit Georges, faussement désolé.
    « Mon cher monsieur, nous proposons aux gens de venir cueillir leurs cerises eux-mêmes sans qu'ils aient à débourser le moindre 'fifrelin' et même à ces conditions-là, ils n'en veulent pas. Alors, si moi je dois grimper à l'arbre il faut me payer... Je vous en mets combien de kilos pour vos confitures ? »

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les petites histoires de Gabby: 42.Aveugle

    Les fillettes ont dix et onze ans. Elles sont nouvellement voisines. Elles se découvrent.

    « Tu vois comme elle est belle, cette rose ? » dit la première à l'autre.
    « Fais-moi sentir ! » dit l'autre à la première.
    « Oh oui, elle sent beau » dit-elle « quelle est sa couleur ? »
    « Elle est rouge » lui répond la première,
    « tu sais comment c'est, rouge ? »
    « Bien sûr que je sais ! C'est rouge pour moi comme c'est rouge pour toi » dit-elle, souriante.

    « Mais » lui rétorque la première « comment sais-tu que le rouge est rouge puisque toi, tu n'y vois rien ? »
    « Ben toi, tu vois le rouge avec tes yeux, parce qu'on t'a dit que rouge était rouge. Moi, je vois le rouge avec ma pensée parce que l'on m'a expliqué que rouge c'était lumineux, gai, fort et que ça pouvait aussi représenter la colère ».

    « T'es pas triste de ne rien voir ? » demande la première.
    « Mais bien sûr que non, penses un peu, je te perçois avec mes pensées et avec mon coeur et je t'aime telle que je te vois de l'intérieur. »

    La première ferme souvent les yeux lorsqu'elle parle avec l'autre:
    « J'ai l'impression qu'elle me voit mieux » pense-t-elle, réjouie d'avoir une vraie bonne amie.

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les petites histoires de Gabby: 41.Justo

    Après la grande période italienne, les Hispaniques  sont devenus une nouvelle grande masse d'ouvriers et d'ouvrières à immigrer en Suisse.

    Justo, bel hidalgo d'Asturie, avait quitté son Espagne natale à l'âge de 19 ans. « Eh oui » dit-il « ça fait déjà trente-six ans que je suis chez les Helvètes. »

    Justo est un chasseur, un vrai, pas un massacreur.

    Quand il tue le sanglier, il en fait profiter tout son entourage. A l'époque de la chasse, la carte de son restaurant est alléchante. Ses viandes prélevées de la chasse sont de haute qualité.

    Justo est un pêcheur de rivière ; un vrai. Ses bonnes prises font le régal des amateurs de poissons sauvages. « Quand on a goûté aux animaux sauvages, on a de la peine à se remettre à la consommation de chair d'élevage. Question de goût ! Ce sont les graisses qui font toute la différence ».

    Justo aime le sport: le foot, le vélo et Federer. « Pour qui vibres-tu lors d'un match entre l'Espagne et la Suisse ? » - « Ca dépend du gagnant ! », aime-t-il à dire avec un petit sourire malicieux. « Quand  l'Espagne gagne, je fais part de ma tristesse vis-à-vis des Suisses. Si d'aventure, la Suisse vient à gagner j'applaudis mon pays d'adoption. »

    « Trente-six ans de ta vie passées en Suisse font-elles de toi un Suisse ? » lui demande-t-on. « Un Suisse non » rétorque-t-il, « mais trente-six ans de vie commune avec les citoyens de cette ville ont fait de moi un vrai Fribourgeois...tout comme toi !».

  • Le quatrain de la semaine

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  • Les petites histoires de Gabby: 40.La petite pleureuse

    Le voyageur voyage. Il n'a pas d'heure. Il a le temps. Il a jeté son dévolu sur un pays qu'il ne connaît pas très bien. Comme le réseau ferroviaire de ce pays est très dense et qu'il a bonne réputation il a opté pour la découverte par le rail.

    Le train il aime ça, notre voyageur friand de découvertes et de rencontres.

    En Tunisie, il avait choisi le dromadaire pour se lancer dans le désert du grand sud.

    En Norvège, il avait opté pour le bateau, moyen le plus adapté à la découverte des fjords.

    Aujourd'hui, ce sera le train avait-il décidé.

    « Prochain arrêt... » Notre homme quitte précipitamment son wagon. Ce qu'il y a de bien, c'est que les gares sont presque toujours au centre des villes (petites ou grandes). L'homme se retrouve très vite au beau milieu d'une rue piétonne. Il s'arrête et hume l'atmosphère. Assis sur un petit banc de pierre, il observe (un art qu'il porte jusqu'à la jouissance). Il aperçoit au loin comme une petite statue.  « Tiens, » se dit-il, « on dirait une de ces statues humaines où le comédien a le don de rester immobile. Ca impressionne toujours le badaud admiratif ».

    Une petite fille observe sous toutes les coutures la mystérieuse statue. « Tu crois que c'est une vraie dame ? » murmure-t-elle à sa maman. « Mais non... Tu vois bien qu'elle est en métal d'aluminium et qu'elle est là à ne jamais bouger, c'est une petite statue fontaine ».

    La fillette regarde attentivement les yeux de la statue et affirme : « Non, maman c'est une vraie dame, elle doit être malheureuse, elle a les yeux qui pleurent. »

  • Le quatrain de la semaine

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